lundi 24 octobre 2011

Celtibères d'hier et d'aujourd'hui

Ce texte est la traduction française d'un original en castillan rédigé par Carlos Lavín Figueroa (@), le 08-10-2011 (cliquer sur le titre de cet article pour lire l'original en castillan, ou sinon lisez sa version en  cache google, l'adresse originale  "http://www.diariodemorelos.com/index.php?option=com_content&task=view&id=95990&Itemid=68" n'étant pas toujours accessible).

Les Espagnols sont arrivés en Amérique avec une culture déjà métissée : c'est le peuple européen qui a le plus de sang mêlé de toute l'Europe centrale, méditerranéenne et du nord de l'Afrique, avec des influences culturelles du Moyen-Orient et de l'Asie. Par leur situation stratégique, les habitants de la péninsule ibérique étaient un peuple assiégé et continuellement envahi.

Aux Xe et IXe siècles av. J.-C., la péninsule ibérique est envahie par des Celtes qui venaient du centre de l'Europe. Ils se répandirent dans les actuelles France et Belgique, l'ouest de la Suisse et aux marges de la Hollande et de l'Allemagne; ils parlaient une langue indo-européenne. De l'Espagne, ils occupent la partie centrale et le nord.

Au VIe siècle av. J.-C., de la zone désertique du nord de l'Afrique remontent des tribus de berbères d'origine arabe; ils s'installèrent aux alentours du fleuve de l'Èbre (ou Íber) d'où ils tiennent leur nom d'Ibères; ils ont habité le sud et le nord-est de l'Espagne. La population de Ligures que l'on trouve encore aujourd'hui dans le nord-ouest de l'Italie, Monaco et le sud-est de la France, fut pourtant la première à s'y installer au XIIème siècle av. J.-C. mais elle fut déplacée par l'arrivée des Ibères.

La population celtibère, véritable tronc commun de la population péninsulaire, s'est donc formée à partir du mélange de ces deux souches distinctes représentée par les Celtes et les Ibères.


La Cordillère Cantabrique qui sépare du reste de la péninsule la région septentrionale habitée par les Asturiens, Vascons et Cantabres a de fait empêché leur communication et leurs échanges avec le sud. Et quand l'Empire Romain s'est installé en Espagne de 218 av. J.-C. jusqu'en 476 ap. J.-C., il a essayé de conquérir cette zone par des guerres sanglantes mais en vain car il a toujours été repoussé. Quant aux Arabes venus des plaines désertiques de l'Afrique en 712 et qui ont gardé pied sur la pénisule jusqu'en 1492, cette région ne les a pas intéressée. Ainsi, Cantabres, Asturiens et Vascons ont conservé la pureté de leur sang, et de là les différences raciales jusqu'à ce jour.

Les Celtes ont laissé à la langue espagnole des mots tels que chemise(camisa), charpentier(carpintero), vassal(vasallo), cabane(cabaña), cresson(berro), bouleau(abedul), chien(perro), saumon(salmón), alouette(alondra), voiture(carro), culottes(bragas), dalle(losa), corbeille(canasta), bière(cerveza), millet(mijo), boue(fango), araignée de mer(centollo), druide(druida), et les Alpes (lesquelles signifiaient, en tant que nom commun, de très hautes montagnes). Les Romains ont laissé le castillan, langue romane qui descend principalement du latin mais aussi de nombreuses autres. Les Phéniciens et les Arabes ont laissé les nombres arabes ainsi que des centaines de mots sans compter leurs apports dans toutes les sciences et dans les arts.

Du XIIe siècle av. J.-C. à 1492, avec l'expulsion des Arabes par les armes et des Juifs par décret, l'Espagne aura été occupée par des envahisseurs pendant 2,700 ans. Au Moyen Âge, Juifs et Arabes vécurent ensemble en Espagne en même temps que les Celtes et Celtibères déjà catholiques. Le roi Ferdinand III dit "Le Saint" se prétendait "Roi de trois religions", la catholique, la juive et la musulmane, ce qui est un cas unique pour un roi en Europe.

Les Espagnols d'aujourd'hui ne renient pas toutes ces conquêtes, et même reconnaissent les apports considérables auxquels leur culture est indiscutablement redevable. Au Mexique, par contre, la colonisation espagnole a duré moins de trois siècles et certains continuent encore à la maudire. Les conquêtes se sont toujours faites par la force et la destruction; c'est une question de vie ou de mort.

Les grands courants migratoires qui sont arrivés à conquérir le Mexique et à le peupler étaient d'origine celtibère et il en a résulté un race et une culture nouvelles qui ne sont déjà plus indigènes ni vraiment européennes. Ainsi, le peuple mexicain a des ancêtres celtibères et, du fait de la colonisation, a reçu un métissage culturel grec, ligure, romain, tartare, phénicien, carthaginois, arabe, juif, et, même indien par une certaine branche orientale.

"Le 13 août 1521, héroïquement défendu par Cuauhtémoc, Tlatelolco est tombé au pouvoir de Hernán Cortés. Ce ne fut ni un triomphe ni un échec, mais la douloureuse naissance de ce peuple métis qu'est le Mexique d'aujourd'hui" (J. T. Bodet).

Différences conservées, comme le dit José Saramago : "Je n'écris pas pour plaire ni pour ne pas déplaire non plus. J'écris pour inquiéter".

Source : “FUNDACIÓN”, mismo autor. D.R. © 2010

carlos_lavin_mx@yahoo.com.mx

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