jeudi 13 juin 2013

Naissance d’une civilisation : de la Syrie à la Gaule


Un article d'Emile Mourey


Il fut un temps où l’homme n’était qu’un chasseur-cueilleur. Chassant d’autres espèces pour se nourrir, cueillant comme d’autres les fruits de la terre, acceptant comme elles la régulation démographique en fonction des ressources et le partage équilibré des territoires, on peut estimer sans se tromper qu’il était, encore à cette époque, en parfaite harmonie avec la nature et qu’il ne la mettait pas en danger. Pourquoi l’homme décide-t-il un jour de cultiver en plus de cueillir, d’élever au lieu de seulement chasser ? Quelles sont les motivations qui le poussent à domestiquer la nature ? C’est la question que pose la revue Sciences et avenirs dans son numéro de janvier intitulé "La naissance du sacré", titre équivoque à mon sens. "Naissance d’une civilisation" me semble plus en accord avec les articles publiés. Les racines de notre pensée sont au Proche-Orient, cela ne fait aucun doute. Il s’ensuit que, même avec des apports autres, la suite ne s’inscrit que dans un processus d’évolution.

Pour moi, déclare Danielle Stordeur, directrice de la mission archéologique El Kowm-Mureybet en Syrie, c’est la découverte la plus révolutionnaire des quinze dernières années. Ces gens du début de l’agriculture étaient très raffinés, très créatifs, bien organisés, beaucoup moins frustes qu’on ne le croyait. Derrière leurs pratiques symboliques et funéraires, se dessine une idéologie complexe. Les spécialistes ont trop longtemps écrit que la civilisation apparaissait avec les villes, telle Uruk en Mésopotamie vers la fin du Ve millénaire avant J.-C. Je pense qu’il s’agit d’une projection que nous avons faite, nous Européens, sur le mot civilisation. Il faut adopter un point de vue plus large. Bien plus tôt, dans ces premiers villages du Levant, il y avait déjà des hommes civilisés.
Voilà, dans un autre article de la revue, l’autre phrase importante que je retiens et qui me sert de transition pour en arriver à la Gaule (avant qu’elle ne s’appelle ainsi). L’Europe a reçu le néolithique comme un cadeau, arrivé tout prêt du Proche-Orient..., avec ses villages, son blé, ses moutons et ses chèvres, sa poterie et ses symboles ; une révolution totale pour les descendants des chasseurs-cueilleurs de Lascaux.

Située au croisement de routes européennes ancestrales, la Saône-et-Loire est considérée par les spécialistes comme le plus riche département français en vestiges archéologiques, notamment de l’époque néolithique (6 000 à 3 000 ans av. J.-C. environ en Europe d’après Wikipedia). Dans ce département, il est un site étonnant que je connais bien pour y avoir monté des exercices militaires à double action lorsque j’étais en activité : le plateau de Chassey-le-Camp. Ce plateau doit son nom aux nombreux vestiges néolithiques de l’époque "chasséenne" qu’on y a découverts (d’après Wikipedia, les chasséens, entre 4300 et 3500 av. J.-C., étaient des pasteurs et des agriculteurs. Ils produisaient une poterie de bonne qualité, mais peu décorée).


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